Penser l'humain de façon globale mais à l'échelle locale

je ressors ce post de 2008 pour réaffirmer une exigence, des hommes mais aussi du système déliquescent dans lequel nous vivons. A ce jour aucun politique n'utilise ces termes, alors que le satisfaction du plus grand nombre pourrait être rassasiée, que l'emploi local pourrait être préservé, que les villes pourraient être désengorgées. bref tout pourrait aller mieux, à l'exception faite des super profits des réels dirigeants de nos pays. cherchez l'erreur. Seul l'épicier en cravate E. Leclerc -c'est un comble-, repense ses approvisionnements et son argumentaire commercial sur le "produire local".



La mondialisation ne peut pas être vaincue, combattue, ni critiquée sans prendre le risque de défoncer des portes ouvertes, d'annoncer le péril alors qu'il est déjà là ou plus futilement de name-dropper quelques idéologues cramoisis. La conviction est pourtant dans nombre de ces âmes contestataires, mais elle est inopérante car elle accuse seulement l'inéluctable, car elle recherche les fautifs et non les erreurs, moins encore les remèdes.

Les sociétés modernes ont généré le mal qui les dévorent peu à peu. Les sociétés développées ont légalisé l'eau de feu qui détourne les yeux du plus grand nombre des manigances des dirigeants qui ne guident rien de plus que leurs propres intérêts.
Qui n'a jamais succombé à la dégustation d'un kiwi, d'un ananas, d'une glace à la vanille naturelle... au milieu du froid hiver des pays aux climats tempérés.
Qui n'a jamais profité d'un petit haut super sympa ou d'un jean trop bien tailléà prix réduit car fabriqué au bengladesh.
Qui enfin peut nier l'espoir et le progrès que représente l'ouverture d'une unité de fabrication délocalisée de 300 personnes pour une petite ville de l'Europe de l'Est.

Pour satisfaire les besoins générés par l'auto-suggestion, les conflits du reflet, la compétition, la sécurité et le labeur des hordes mercantilistes qui ne voient souvent jamais les produits qui les font vivre ; pour consommer donc exister, la société immédiate, celle qui a abaissé l'humain à l'état d'être chroniquement régressif, pressé, anxieux, déboussolé et arriviste, a ainsi livré sa propre vision du partage à l'échelle planétaire.

La mondialisation ne serait donc que la nouvelle évolution pandémique d'un cancer qui rongent les hommes depuis qu'ils ont abandonné leur nature animale, depuis qu'ils ont commencé à surexploiter les richesses de la terre mère, depuis qu'ils ont fait des lois pour encadrer l'exploitation par quelques uns des richesses produites par tous, depuis qu'ils ont érigé leurs valeurs-totem, virtuelles et financières.
On peut certes s'arrêter sur des drames humains particulièrement éloquents pour illustrer les conditions de la mondialisation et ses conséquences actuelles pour des millions d'humains. Pointer du doigt c'est déjà lutter, mais attention à ne pas trop regarder le doigt!

Essayons d'aller ensemble à l'étape au dessus du discours contestataire.
L'objectif est de faire taire les bavardistes professionnels ou les abuseurs de langage, complices par nature d'occulter le fond au profit de la forme.
Le but est d'échapper au rideau de fumée que nous opposent les dirigeants avec la complicité des médias, traînes de filets perfides d'un système à la dérive.


Le diagnostic est que nous sommes allé trop loin pour pas grand chose et pas assez loin sur de nombreux points. Mais tout n'est pas noir dans ce qui nous entoure, bien au contraire. Notre quotidien est agrémenté d'inventions qui sont tellement incontournables qu'elles devraient être au contraire à la portée de tout humain qui le désire. Elles sont le fruit de la puissance de la pensée humaine héritée de l'homo sapiens et de l'ingénierie qu'a su faire évoluer l'homo faber. Sans nul doute.

L'appétit insatiable pour les richesses et l'altitude grisante des cercles du pouvoir ont conduit les sociétés modernes à glorifier au même plan un futur ex président, une nouvelle ancienne star de la télé et une énième variété de chips sur-lipidée ou de céréale extra sucrée. tout est image. Tout est marchandifié.

Les êtres ont donc pensé, puis fabriqué, et enfin consommé sur des millions d'années. Désormais ils se consument. Faisons le pari que toutes ces compétences accumulées depuis des générations nous permettent d'en faire maintenant le tri. Qu'elles nous permettent d'entendre l'appel de l'instinct de survie collectif et de nous guider tous ensemble vers des solutions qui résonneront sur toutes les terres habitées.

A contrario, la globalisation, fruit de la main de l'homme, est bien l'accélérateur de l'érosion de l'humanité. Partout on lutte contre la diversité, de couleur, de culture, de consommation. Pourtant imperturbablement les couleurs se resserrent, la culture sert et la consommation désert!
Organiser l'uniformisation des modes de vie ou de consommation, comme chercher à uniformiser les rêves et prisons des citoyens, laisse à certaines élites de robe le loisir de jouir sur la face des gens d'en bas.
Ah oui l'idée était belle, la mondialisation du confort de vie, la globalisation de la progression de l'espérance de vie, mais les intentions prirent plus souvent la forme de nouveaux marchés à explorer, pour vendre plus, vendre moins cher, vendre plus, baisser les coûts, vendre plus, embaucher, vendre plus, délocaliser.
Certes nos habilités citoyennes ont évolué positivement depuis l'organisation en villages enceints et recroquevillés des esquisses sociétales de la première moitié de notre ère. Mais depuis moins de 20 ans, l'utopie s'appelle village planétaire et tout doit être mondial en empruntant les autoroutes de l'information. Tout va vite et tout est immatériel, intangible. Inutile? La fracture numérique serait un moindre mal si l'on savait panser les fractures alimentaire, sanitaire et sociale de tous.

Pourquoi ne pas conserver une économie de marché, principalement locale mais n'empêchant pas d'éventuels échanges commerciaux avec d'autres provinces ou états. Abandonnant la recherche de profits spéculatifs, les flux financiers locaux doivent permettre de financer l'activité locale en priorité.
Le village planétaire a été bien identifié par des théoriciens de la communication et à ce titre l'apparition de l'Internet est une avancée spectaculaire dans la faculté de rapprocher des individus. S'affranchissant des frontières et du temps compté établis par les humains, le réseau rassemble avant tout, accélère la diffusion de la pensée, des idées et bien entendu des marchandises. L'internet finit d'accélérer le temps humain, au sens maya du terme.
Ainsi Ces villages émancipés du règne des Etats-Nations et des grandes entreprises pourraient très bien favoriser l'émergence d'une gouvernance mondiale, dont le fonctionnement ressemblerait davantage à la démocratie qu'à l'heure actuelle.


Comme j'apprécie tout particulièrement dénicher de bonnes pensées qui n'ont jamais été transposées dans le bon sens, citons ce slogan d'un gourou du marketing des années 1990. "Think global, act local." Il y a beaucoup d'intelligence dans la formule, mais aujourd'hui elle a été interprétée uniquement dans le référent commercialo-marchand, avec pour seul but de décliner localement des concepts édictés par le siège et d'y rapatrier les flux d'information décisionnelle. Bref un outil d'uniformisation des consommateurs au service d'une diffusion toujours plus rentable et plus large des produits de l'entreprise.

Pourtant en politique je maintiens que ce terme est plein d'avenir! Non?

Et pourtant, elle tournera...

Le monde d'aujourd'hui voit converger de nombreux indicateurs qui indiquent que l'on touche à une fin. pas la fin du Monde, mais la fin d'un monde.
Celui qui vieux de moins de 300 ans, qui a vu l'humain découvrir, savoir et produire comme jamais. Un monde marchand où la planète n'a été qu'un réservoir de ressources naturelles, matières premières d'une civilisation qui a perdu ses esprits. Une civilisation ou l'esprit à cru prendre le dessus sur la matière.

Durant cette ère les êtres humains, et surtout ceux des pays que l'on appelle 'développés' ont vécu dans l'illusion, dans l'ignorance devrais-je dire, qu'ils étaient les premiers êtres depuis des milliers d'années à maîtriser les sciences, les techniques et les règles d'une organisation sociale.
Dans l'illusion qu'ils inventaient le monde de demain, alors qu'ils ne faisaient que détruire un à un les héritages des peuples et des civilisations du passé.
Dans l'ignorance des conséquences de la surexploitation des richesses de cette Terre qui avait été leur mère.
Dans l'ignorance de l'effet soporiphique qu'avaient sur eux cette quête permanente d'objets et de divertissements modernes.
Dans l'illusion enfin que l'avoir et la possession surpassaient l'Etre et le partage.

Aux modernes maux que sont ces crises internationales, crises politiques, crises sociales, crises personnelles, crise d'identité ou crise de foi, il est tant d'établir la responsabilité des Hommes, des Puissants qui montent les peuples les uns contre les autres, qui affaiblissent l'humanité pour le compte de quelques uns. Ceux-là même qui ne survivraient pas longtemps sans leurs privilèges, leur confort moderne et les hordes serviles sur lesquelles ils appuient leur réussite à l'aune de leur patrimoine.

Les hommes n'ont eu de cesse de se mesurer, de s'épier, de se combattre pour revendiquer une supériorité des uns sur les autres. après avoir surpassé, exploité et mis à sac les autres espèces vivant sur la planète, l'Homme a voulu surpassé les hommes.

Sauf que si l'on reprend le cours de l'évolution des êtres sur la planète, et de la Terre elle-même, il est oeucuméniquement établi que l'humain est le fruit d'une évolution des espèces - fusse-t-elle le fruit d'un créateur ou d'un seul choc galactique-, que l'humain est composé de minéraux et d'eau, que l'humain provient et vit toute sa vie grâce aux ressources qui proviennent de la Terre.

Depuis qu'il s'est mis en tête de tout optimiser, rationaliser, globaliser, rentabiliser le fruit de toutes ses nouvelles expériences l'humain s'est en fait détacher de sa Terre.
Il vit sur Terre mais n'a plus conscience d'en faire partie. Il n'est plus un avec sa Terre.

Il est question ici de l'avenir de l'Humanité et des questions qu'il est utile de se poser avant que de grands changements ne surviennent.

Thérapie de cuisine - Préambule et Chapitre 1

Je mappelle Paul je suis un jeune quadra à qui il ne manque plus grand chose pour être bien dans sa vie. Heureux papa d'un petit Diego de 5 ans, célibataire depuis 2 ans, après 19 ans avec la même petite amie, devenue la meilleure depuis qu'elle n'est plus si petite. Depuis c’est le désert amoureux que je m’efforce de traverser sans la moindre attente préconçue, sans idéal, sans leurre, sans but.

Le but de ma vie c'est le chemin sur lequel je suis. Sinueux, prodigieux, hasardeux, vivre dans cette société moderne qui oublie que l'Homme fait partie de la Nature, où tout file à 500 km/h ; les trains, les informations, les emplois, les maladies, la peur, l'amour, la vie et la mort.

Tout va trop vite à mon avis et moi qui ne suis pas militant pour un sou, je sens que le salut de l'humanité, pas moins, est dans le retour à une certaine lenteur de vivre et d'une ré-appropriation du temps que l'on consacre à toute chose de la journée et de la vie. Prenez le temps de vivre, avant qu'il ne vous prenne la vie, ai-je coutume de dire. Alors je vis.

Le travail marchand n’'est pas exactement mon passe-temps favori, non, les jobs divers que j'ai occupés dans des services marketing ou des agences de pub, salarié ou à mon compte, tous n'avaient qu'un but alimentaire. Un comble pour le passionné de cuisine que je suis, ma seule expression artistique.

Comme beaucoup de parisiens, je n’aime rien. J'ai toujours rêvé au fond de vivre ailleurs, le soleil, les ruines mayas, une nouvelle langue, une nouvelle vie... mais j'ai aussi toujours pensé que LA grande ville c'est là-qu'il faut être. Pour les fêtes, les musées, pour le boulot c'était mieux, plus proche de tout, mieux quoi!

Plus proche de toute cette agitation moderne certes, mais si éloigné de la Nature, si aliénant pour l'humain, si alarmant pour l'avenir.

Dans le fond je voudrais naïvement pouvoir, et aussi tout un chacun, être simplement moi-même dans le monde du paraître, vivre à mon rythme dans une société agitée, que tout le monde puisse vivre ensemble dans une société des hommes qui ne cherche qu'à les diviser.

A ce monde d’aujourd’hui répond une cuisine contemporaine, essentiellement destinée à rassasier les estomacs trop grands d’omnivores hypo-actifs.

De mon côté j'ai été amené à développer à travers la préparation des repas une philosophie de vie, une sorte de thérapie douce pour le cuisinier comme pour les palais conviés à ma table.

Parce que dans la jungle sociétale il faut se trouver des ilots de tranquillité, parce que dans cette course effrénée il faut s'accorder des pauses et les partager avec ceux qui n'ont que le temps de courir, je m'applique alors avec soin chaque fois que je le peux à nourrir les corps et les coeurs, les miens et ceux des âmes qui croisent mon chemin de table.


1 dejeuner au resto

Ce midi j'avais rendez-vous dans un de ces bistrots tendance, que l'appellation antinomique devrait suffire à qualifier. Heureusement que j'y retrouvais Daphné, ma meilleure amie. On a été près de 20 ans ensemble, c’est pour dire si ça fait plaisir.

A force de prévoir les obstacles nombreux de la cité urbaine, on se prend à établir des stratégies de transport. Cette fois j’arrivai un peu en avance. Mais quelquefois le hasard désaltère et c’est bien ce qui m’arriva ce jour-là. Enfin je crois.


Arrivé le premier
donc, je me décide à rentrer et le serveur m'indique de m'asseoir où je trouve de la place. Une rangée de petites tables carrées le long d'une banquette en simili cuir faisait face à l'entrée. Idéal pour guetter l'arrivée de Daphné. Je me retrouve à côté d'un vieux monsieur qui ôte gentiment le chapeau et le livre qu'il avait posés sur la banquette.

Dans son geste encore assuré j'avais pu lire un nom inconnu sur la couverture: Edgar Cayce! Voyant mon air circonspect mais curieux, le vieil homme me lança simplement, dans un regard complice et rassurant : "tu retrouveras ce livre sur ta route. Et ce sera un bon signe pour toi"

Je restai un instant hébété. Ce coup d'oeil sur l'ouvrage assis à ma place, avait été tellement furtif que j'eu d'abord un sentiment de gêne du gourmand pris la main dans le pot de miel. L'homme m'avait tutoyé, ses paroles résonnaient au fond de moi mais je me sentais étrangement bien.

Il n'y avait dans le ton de sa voix ni signe de condescendance pour mon ignorance, pas plus que de réprimande pour ma curiosité, mais bien au contraire une forme de message bienveillant.

Sur le moment je repensai simplement à ce monsieur sympathique qui m'avait fait bonne impression et qui était fort aimable. Immédiatement une sensation indescriptible de bien-être m'enveloppa alors que je regardai vers la porte. Le vieil homme se tenait là, il me fit un dernier signe avec son chapeau. En sortant, il tint la porte à une jolie jeune femme.

- "Tiens, voilà Daphné." Me dis-je.
Tout en la regardant s’approcher, encore plongé dans ma pensée je me répétai comme un mantra que cette rencontre anodine avait quelque chose de singulier, ce devait être un signe que l’univers m’envoie, mais un signe de quoi ?

Daphné est la dernière femme de ma vie. La seule en fait, si je met de côté la famille et son lot de vibrations négatives qui tendent à laisser les individus collés à leur passé pour lequel ils ne peuvent pourtant plus rien.

L'amour nous a cueilli au printemps de l'age adulte et nous avons passé près de vingt ans ensemble. Ensemble nous avons grandi, évolué, procréé, élevé un enfant, nous nous sommes amusés, nous nous sommes ennuyés, nous avons partagé puis protégé notre intimité. Quand après une longue traversée du désert océanique, que représente la vie -longue- d'un couple moderne, nous avons compris que notre équipage ne mènerait plus bien loin la barque de chacun, d'un commun accord nous avons décidés de nous aimer toute la vie. Alors nous nous sommes séparés. Des lors nous sommes devenus les meilleurs amis du monde.

C'est une femme pétillante, pleine de vie, qui fut autrefois une work addict en proie au dilemme multi-quotidien de réussir sa vie de femme, de cadre, de mère et de fille. Le tout en courant sans cesse, sans but et sans croyance. La pensée pure, la gestuelle pudique et sans aucune mauvaise intention, son mal-être finissait pourtant par faire mal aux êtres qui l'entouraient autant qu'à elle même. C'était sans compter sur le soutien inattendu d'un nouveau mal anglicisé sous le nom de burn out, sorte de petite mort psycho-professionnelle. La fin d'un monde pour elle, mais en fin de compte le début d'un autre pour elle et pour le autres. Ainsi maintenant que nous ne sommes plus ensemble elle revit, Tant pis. Tant mieux.

Aujourd'hui Daphné a apprivoisé le temps qui semblait autrefois lui filer entre les doigts. Daphné est belle. Plus belle encore que dans nos jeunes années et sa mono-parentalité lui va bien. Finalement, bien qu'ayant dû endosser le mauvais rôle de celui qui devait se montrer fort et partir, quand l'autre était trop faible pour le faire, je suis très satisfait d'avoir pu l'accompagner dans sa transformation de l'état de chrysalide médicamenteuse en un si beau papillon plein de vie et de lumière. Je crois qu'au fond je suis surtout fier de la voir jour après jour avancer avec certains préceptes de vie que j'avais tenter d'installer autrefois, poursuivant ma quête d'une vie plus lente, plus riche et plus humaine, essentiellement tournée vers l'intérieur de mon être mais destinée à irradier ceux qui m'entourent.

Il y a deux de ces préceptes qui me viennent à l'esprit. Le premier est l'importance de profiter du moment présent et d'accueillir ce qui arrive chaque jour avec bienveillance et sérénité. Si tel ou tel événement ce produit, c'est qu'il devait se produire. Reste alors à savoir pour quoi faire!

Ainsi je vois que Daphné organise désormais sa vie comme elle l'entend et qu'entre deux expositions des magnifiques clichés qu'elle réalise, elle arrive à s'octroyer de temps à autre des moments simplement pour faire rien, je sais qu'elle s'attache à dompter le moment présent. Nous verrons plus loin à quel point faire rien, laisser son esprit vagabonder, s'ennuyer même, peut s'avérer être une puissante source de bien-être intérieur.


Et
puis, ou surtout, il y a l'alimentation, Cette sacro-sainte alimentation, que certains abordent comme une corvée quotidienne nécessaire au remplissage des estomacs, Daphné lui donne une dimension qui dépasse de loin la cuisine et en fait la source principale de la prophylaxie naturelle de tous les maux du corps et de l'esprit. C’est un peu ma première disciple si je puis dire non sans orgueil ni amusement.


Paul : - Salut tu vas bien? tu bosses dans le coin maintenant ou tu avais un rendez-vous?

Quelle idée de venir bouffer ici! c'est bien parce queu c'est toi! il y a deux ans de cela tu m'aurais fait une scene parce qu'il y a trop de ci ou pas assez de ça. Non mais regarde moi cette sauce de salade, je parie que je suis le premier humain qu'elle voit depuis sa naissance dans le complexe agro-industriel.

Je contemplais cette sauce blanchâtre, aussi figée que ma moue circonspecte et m'interrogeais sur les motivations qui pouvaient pousser un cuisinier à en asperger frénétiquement toute crudité pourtant fraichement épluchée.

Daphné connaissait la chanson et semblait en entendre une fois de plus les paroles rien qu'à l'observation de ma mine déconfite : "oh c'est pas grave, ce qui compte c'est de se voir. Ca me fait du bien de te voir, en ce moment, comme chaque fois après la préparation d'une expo, j'ai le blues, je me sens toute seule toute perdue. Après avoir passé des jours et des nuits avec l'équipe, je ne vois plus personne, je ne trouve plus la force de faire à manger, voilà pourquoi je ne t'ai pas invité à la maison. »

Je savais surtout qu’elle ne tenait pas tellement à ce que je rencontre à nouveau son nouvel ami. Souvenir certain d’un premier round qui avait laissé à des traces dans la blancheur nivéale de leur récente noce. Oui, comme pour appuyer sur un ressort de mon être que je croyais grippé à jamais ils avaient eu l’indolence de m’inviter à leur mariage. Le ressort s’est étendu et je laissai ce jour-là le diablotin sortir de sa boite et déverser tout ce que la vie lui avait appris sur cette mascarade sociale, cette débauche de temps et d’argent noyée dans les palabres familiales, les courbettes et le champagne. D’ailleurs nous étions restés ensemble près de vingt ans sans avoir besoin de jurer cracher devant un représentant de l’ordre public !

Mais comme l’expérience m’a conféré une grande dose de maitrise de mes émotions je ne lui en dit mot, et acceptai volontiers ce mensonge délicieux.

Paul : il vient de m’arriver un truc marrant ! quand tu es sorti tu as peut-être vu un vieux monsieur plein de bonhomie.

Daphné : non je n’ai pas fait attention…

Paul : il tenait un bouquin que j’ai a peine aperçu et le type me dit un truc du genre : tu retrouveras ce livre et ce sera un bon signe… »

Daphné a toujours été porté sur ce que je qualifie avec d’autres de New age ou d’ésotérisme et pour elle il ne faisait aucun doute que c’était un message envoyé de je ne sais où. Bref elle y croyait !

Elle me dit avec à-propos et cynisme pour appuyer un peu sur la misérable solitude affective dans laquelle j’étais depuis notre séparation. Enfin sur le moment je le croyais.

- écoute c’est simple. La prochaine nana que tu croises avec ce livre sous le bras, fonce, c’est la femme de ta vie ! (elle rit)

- Hahaha! Très drôle. En parlant de ça tu n’as pas une copine sympa et célibataire à me présenter ? pourquoi tu n'organiserais pas un diner!? tu sais que cela ne peut que te faire du bien. Choisis bien tes convives, tu prendras le temps de leur concocter un joli menu, de choisir tes aliments, la décoration de ta table...

Elle m’interrompt : ... facile à dire pour toi! je ne suis pas magicienne moi, tu le sais bien. par contre si tu avais envie d’organiser un diner, je pense que je pourrais me libérer.

Elle sent le besoin de rajouter : Et puis pour tes copines, si tu as besoin de moi, et que tu as envie de m’en parler un jour, sois gentil ne m’en parle pas !

Là-dessus elle rit copieusement et de bon coeur, sachant bien que je n'allais pas nous refuser cette double occasion, pour elle d'oublier ses angoisses les temps d'un soir et pour moi de l'apaiser durablement avec une recette qu'elle savait magique. une bonne soirée en perspective et sans lui!

Je conclus alors fièrement-

"ok je vais faire un diner... ça va nous changer! Un peu les idées. Mais tu viens sans Lui!

Elle me regarde avec son air mi séductrice mi désabusée par mon rejet systématique de son nouveau compagnon. Nous rions ensemble. Deux cafés, l’addition.

(A suivre)

Préambule

Le monde d'aujourd'hui voit converger de nombreux indicateurs qui indiquent que l'on touche à une fin. pas la fin du Monde, mais la fin d'un monde.
Celui qui vieux de moins de 300 ans, qui a vu l'humain découvrir, savoir et produire comme jamais. Un monde marchand où la planète n'a été qu'un réservoir de ressources naturelles, matières premières d'une civilisation qui a perdu ses esprits. Une civilisation ou l'esprit à cru prendre le dessus sur la matière.

Durant cette ère les êtres humains, et surtout ceux des pays que l'on appelle 'développés' ont vécu dans l'illusion, dans l'ignorance devrais-je dire, qu'ils étaient les premiers êtres depuis des milliers d'années à maîtriser les sciences, les techniques et les règles d'une organisation sociale.
Dans l'illusion qu'ils inventaient le monde de demain, alors qu'ils ne faisaient que détruire un à un les héritages des peuples et des civilisations du passé.
Dans l'ignorance des conséquences de la surexploitation des richesses de cette Terre qui avait été leur mère.
Dans l'ignorance de l'effet soporiphique qu'avaient sur eux cette quête permanente d'objets et de divertissements modernes.
Dans l'illusion enfin que l'avoir et la possession surpassaient l'Etre et le partage.

Aux modernes maux que sont ces crises internationales, crises politiques, crises sociales, crises personnelles, crise d'identité ou crise de foi, il est tant d'établir la responsabilité des Hommes, des Puissants qui montent les peuples les uns contre les autres, qui affaiblissent l'humanité pour le compte de quelques uns. Ceux-là même qui ne survivraient pas longtemps sans leurs privilèges, leur confort moderne et les hordes serviles sur lesquelles ils appuient leur réussite à l'aune de leur patrimoine.

Les hommes n'ont eu de cesse de se mesurer, de s'épier, de se combattre pour revendiquer une supériorité des uns sur les autres. après avoir surpassé, exploité et mis à sac les autres espèces vivant sur la planète, l'Homme a voulu surpassé les hommes.

Sauf que si l'on reprend le cours de l'évolution des êtres sur la planète, et de la Terre elle-même, il est oeucuméniquement établi que l'humain est le fruit d'une évolution des espèces - fusse-t-elle le fruit d'un créateur ou d'un seul choc galactique-, que l'humain est composé de minéraux et d'eau, que l'humain provient et vit toute sa vie grâce aux ressources qui proviennent de la Terre.

Depuis qu'il s'est mis en tête de tout optimiser, rationaliser, globaliser, rentabiliser le fruit de toutes ses nouvelles expériences l'humain s'est en fait détacher de sa Terre.
Il vit sur Terre mais n'a plus conscience d'en faire partie. Il n'est plus un avec sa Terre.

Il est question ici de l'avenir de l'Humanité et des questions qu'il est utile de se poser avant que de grands changements ne surviennent.